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L'ENNEMI:

L'ART

L'ennemi c'est l'art. Pas l'Art de tout temps, immortel et intemporel. Pas l'Art qui traverse les âges et anime l'être humain dans sa quintessence. Mais l'art que nous connaissons aujourd'hui: l'art contemporain. Ce mouvement du 20ème et 21ème. Car nous pensons que ce dernier est une farce, un hold- up de l'histoire de l'art, et une escroquerie qui trouve son origine autant dans la politique jack langienne que dans la malice duchampienne. Ces derniers nous ont (à nous artistes) dépossédé de l'histoire de l'art et de la technicité, de l'artisanat, du caractère ouvrier presque, dans la tâche artistique. Ils ont fait de nous en quelques décennies, des concepteurs (des conceptualisateurs même) uniquement, au mieux des noms ; qui de plus, sont individualistes et en concurrence. Cet ensemble fonde aujourd'hui la nouvelle norme jamais remis en doute : le caractère dorée et positif de l'artiste concepteur capitaliste contemporain. Les spectateurs, les collectionneurs et tout le beau monde qui fait la sociologie du milieu de l'art s'emmerde. Ne soyons pas hypocrites, et osons dire que le jeu manque, comme il manque le beau, l'esthétique, l'imaginaire, l'humour, l'invention, la technique etc.

 

Nous pensons donc que ce qui tuerait cette jeune plaie nommée art contemporain est une sorte de révolution, ou quelque chose qui s'en rapproche. De manière armée, par une double application du terme : à la fois concrète et symbolique. Ainsi, nous pourrons aller au delà de l'art contemporain et transcender notre statut de concepteur pour renouer avec l'artisanat (au sens noble) et connaître, inventer, créer, l'art post contemporain. Un alter contemporain. Ou un néo contemporain. Ou tout autre chose. En tout cas, nous voulons profondément créer un artiste d'un nouveau genre. C'est un défi et plus. Une aventure humaine qui rassemblera les êtres de notre troupeau d'esthètes égarés dans l'histoire. Une route faite d'échange, de partage, et non plus d'individualisme concurrentiel. Faite aussi de discipline, de rigueur, et d'entrainement pour réussir. La révolution artistique étant notre objectif commun.

 

Cette révolution est esthétique. Certes. Mais son ennemi dépasse l'art contemporain, car elle touche la société actuelle dans son ensemble. À toute les strates de son fonctionnement, de sa matrice même. À savoir, un monde que l'argent gouverne et que le capital transforme, contaminant et détruisant la mystique de l'Humanité. L'artiste actuel n'est plus le chaman qu'il fut. L'individu lui-même n'est plus l'animal social qu'il fut. À savoir aussi, des démocraties qui sont de plus en plus perverses et intelligentes pour remplacer le fascisme d'antan ; des multinationales en rouleaux compresseurs et en tanks qui tuent la nature, la santé, les peuples et leurs cultures, leurs couleurs. Les violences se font silencieuses ou lointaines. En somme, le monde est fade et monochrome sous des airs de pluralisme, de choix à l'achat, de pseudo liberté ; et l'artiste y marche en rang, en vain marchand, aveuglé par la soif de dominer à son échelle : il cherche le cumul de ses oeuvres, des compliments, de l'argent et de sa marque diffusée. Les chartes de sociétés capitalistes libérales citées dans le dossier du ™Projet Mort∫ n'en sont que les stigmates.

C'est là qu'il faut comprendre l'entreprise artistique ± cette espèce d'industrie artisanale d'artistes faisant armée qui fera l'Oeuvre. C'est là qu'il faut avoir l'audace de lever le regard et de l'ajuster sur un temps qui rime avec la décennie, ou plus ... 10 ans, 15 ans, 20 ans. Car l'Oeuvre Finale est à la fois pharaonique, machiavélique, et tout simplement géniale. C'est un véritable Projet. Elle se compose d'une articulation pensée et programmée de différentes pièces, toutes imbriquées les unes aux autres dans l'unique direction du Projet. Les Chiens ou les Big Black Men de Max Boufathal sont des pièces qui à terme feront l'Oeuvre Finale. Car ses oeuvres achetées ou acquises, sont effectivement disséminées dans plusieurs salles à différents points du globe, mais elles prévoient de se réunir. Un lien latent et invisible les réunit. Elles attendent l'occasion de se détacher de leur caractère inerte et sculptural pour bondir. Ainsi, lentement, patiemment, mais avec la détermination et la ferveur du survivaliste qui s'accroche à la vie, Max Boufathal et les autres artistes préparent cette révolution. Leur armée. L'Oeuvre finale. Vous avez compris la règle qui joue avec le mouvement de Chronos: la partie et le Tout.

 

L'exposition finale étant l'aboutissement de cette révolution, en réponse à l'art contemporain et la société du même nom, elle reprendra la scénographie d'une hiérarchie administrative et militaire stricte, calquée sur l'ancêtre de ce que nous voulons tué : le fascisme. La map, soit la forme de cette hiérarchie, ou cet organigramme sociétal, est (vue de haut) la silhouette de l'Oiseau. Le même qui fait symbole dans l'oeuvre de Max Boufathal, et qui est le logo du Projet en question. À l'intérieur, chacunes des pièces artistiques, comme chacun des artistes, des historiens, des psychologues, des communicants, des banquiers, des investisseurs, des collectionneurs, des archivistes, des chefs ... y ont leur place. Tout sera pensé, quadrillé, rangé, intercallé, harmonisé, en inter relation, à l'instar d'une armée aryenne conquérante qui a identifié son ennemi. La géométrie et la symétrie étant logiquement le langage de cette scénographie finale.

 

Cette lente industrie artisanale esthétique a besoin : de temps, d'espace et d'argent. Son explosion finale n'aura d'existence qu'à la sueur d'un titanesque travail d'artistes. Et bien sûr ce travail de Titans a un coût. C'est là le défi d'un engagement d'êtres animés par l'art et surtout par cette révolution à partager. Ce coût, cet argent, est un investissement qui portera ses fruits à la force des années et de la patience, faisant de l'expression ™retour sur investissement∫ un gage de confiance. Toute révolution a ses investisseurs ± ses fidèles de l'ombre, et elle n'aura ici que la portée qu'elle mérite : celle-ci se compte en nombre de billets.

 

LIQUID WATCHDOG

2014

 

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